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Sécurité routière : Et si c’était moi!
Depuis plus de dix ans, un ancien du Collège François-de-Laval, Laurier Deschènes de la promotion 1991, coordonne une activité de sensibilisation à la sécurité routière. Plus d’une centaine d’élèves de 5e secondaire du Collège y ont assisté à l’aréna Marcel-Bédard de l’arrondissement Beauport à Québec. Ils ont pu voir la reconstitution d’un grave accident de la route causé par un jeune homme de 17 ans sous l’influence de l’alcool. Le déroulement de la suite des événements a littéralement cloué les spectateurs à leur siège.
La scène est grave. Le conducteur d’un des véhicules impliqués dans l’accident est en communication avec le service d’urgence 911. Répondant aux questions du préposé, il explique qu’il y a plusieurs blessés, qu’une personne a été éjectée de la voiture, qu’une autre est inerte sur la banquette arrière.
Les services d’urgence arrivent sur la scène, les policiers de Québec interpellent le conducteur qui semble en état d’ébriété et viennent en aide aux blessés. Les ambulanciers arrivent et s’empressent de prendre le relai. Quelques minutes plus tard, le corps du passager de la banquette arrière dont le bras pend par la fenêtre est recouvert d’un drap, laissant comprendre qu’il n’y a plus rien à faire pour lui.
La scène est crue, mais les images projetées par la suite sur les écrans de part et d’autre de la scène nous montrant l’arrivée des blessés en salle de trauma à l’urgence de l’hôpital le sont encore plus; intubation, réparation sommaire des plaies. Parallèlement, on projette l’arrivée du conducteur au poste de police, subissant un test d’ivressomètre et écoutant les accusations portées contre lui à la suite du dévoilement des résultats. La foule d’étudiants massée dans l’aréna est immobile, on entendrait voler une mouche…
Sous le choc de ces images froides de l’hôpital et du poste de police, les spectateurs ont pu entendre par la suite la maman de Kim, une jeune fille qui a perdu la vie à Beauport il y a quelques années dans des circonstances très semblables à celle de la reconstitution du jour. Kim avait 14 ans lorsqu’elle est décédée, victime d’un conducteur ivre. Sa mère a déclaré aux jeunes spectateurs qu’elle a décidé de vivre son deuil en racontant l’histoire de Kim, de ses frères et sœurs et de ses amis qui sont tous et toutes des victimes collatérales de l’accident de Kim.
Puis, se sont succédé Olivier et William qui sont venus raconter comment leur vie a été chamboulée à la suite de leurs accidents, survenus pour l’un lors d’une course de rue se déroulant à 180 kilomètres-heure ou après une soirée de jeunesse fort arrosée au volant d’une voiture qui a terminé sa course dans une maison pour l’autre. Les conducteurs avaient, au moment de leur accident, le même âge que ceux qui les écoutent aujourd’hui. Ils racontent être incapables de reprendre une vie normale, de prendre soin d’eux sans aide. Ils sont victimes de pertes de mémoire, de troubles d’élocution et tant d’autres choses qui pourtant semblent des acquis pour la vie.
La présentation se termine à la Cour alors que le conducteur de notre accident reçoit sa sentence; quatre ans de prison et sept ans de suspension de permis de conduire, à débuter à sa sortie de prison.
Dans la foule, les jeunes sont troublés par ce qu’ils ont vu. Certains ont dû quitter l’aréna, parfois accompagnés de paramédics, sur place au cas où! Alors qu’ils et elles sont tous à l’âge de conduire une automobile, à l’aube de la fin d’année scolaire, du bal de finissants et des festivités s’y rattachant, quelle décision prendront-ils avant de se glisser derrière le volant ou d’occuper la place du passager ou la banquette arrière d’une voiture conduite par un ami amoché? Une chose est sûre, ils ne pourront pas dire qu’ils ne savaient pas…